12.03.2012
C'est avec une immense tristesse que ceux qui connaissaient Moebius / Jean Giraud ont appris sa mort hier, des suites d'une "longue maladie" comme on dit.

C'était l'un des meilleurs dessinateurs de BD, sinon le meilleur, capable d'adopter plusieurs styles de dessin adaptés aux différents styles d'histoires, ultra-réaliste pour "Blueberry", mystique et futuriste pour la SF avec notamment "L'incal", limpide et poétique pour le cycle d'Edena.

C'était aussi un humain extraordinaire, avec une grande simplicité et une profonde spiritualité.


En hommage, voici quelques images de la saga de "L'incal", une BD complètement initiatique avec un scénario de Jodorowsky.




L'Incal est une BD en 5 parties:
- L'Incal Noir
- L'incal Lumière
- Ce qui est en bas
- Ce qui est en haut
- La cinquième essence (en 2 volumes)




L'histoire se passe dans un futur proche. Le héros est un individu lambda dans l'une des immenses "cités-puits". Jusqu'au jour où, par "hasard", il va se retrouver embarqué dans une affaire dont les ramifications s'étendent à la planète dans son ensemble, puis à l'univers entier.

Dans la société décrite par l'Incal, la planète est dirigée par 2 castes: les "technos" et "l'économat".

Les technos portent toujours des lunettes noires, et leurs chefs ont la tête surmontée par un "oeuf d'ombre" d'autant plus gros qu'ils concentrent le pouvoir de la force qu'ils servent: la Ténèbre.

L'instrument des "technos" pour faire triompher la ténèbre est la technologie.





L'autre caste est l'Economat, c'est à dire le pouvoir économique.

Pendant que la population ordinaire survit comme elle peut dans les bas niveaux des cités-puits, les plus riches sont dans les niveaux supérieurs, les plus proches de la lumière. Quant à l'élite, elle vit à l'extérieur, dans une citadelle en lévitation aérienne au-dessus de la cité-puit. Les membres de l'élite se distinguent de la populace ordinaire par une auréole artificielle au-dessus de leur tête.




Dans la ville comme dans les miniscules appartements dans lesquels vivent les gens ordinaires, la vie est rythmée par la TV, ses émissions débiles (un jeu TV s'appelle "pipi caca popo"), et son info-spectable présentée de façon infantilisante.

En apparence, le pouvoir est exercé par un "prez" (président) qui est réincarné artificiellement dans un nouveau corps flambant neuf lorsque son précédent corps a été trop usé par ses pensées et émotions négatives. Ainsi, le président change, il prend un nouveau visage, mais le changement n'est qu'une apparence car c'est toujours la même âme qui est en lui.

Le transfert dans un nouveau corps est retransmis en direct par la TV, dans une émission politique à grand spectacle...
















Le passage clé dans l'Incal noir, lorsque le héros, John Difool, découvre ce qu'est l'Incal, cette petite pyramide de cristal qu'un mutant lui avait confié avant d'être tué par ses poursuivants...

C'est le moment où John Difool va être transformé par l'Incal, le moment de son "illumination"...









Quelques autres dessins extraits d'autres BD...


















Un article sur Moebius et son oeuvre:
http://www.lemonde.fr/culture/article/2012/03/10/mort-du-dessinateur-jean-giraud-alias-moebius_1656000_3246.html