03.10.2010


Le phénomène des "neurones miroirs" a été découvert assez récemment, en 1996. Ils constituent le cerveau de l'empathie et de la compassion.

Depuis une trentaine d'années, l'imagerie à résonance magnétique (IRM) et la tomographie à positrons permettent de voir le cerveau penser, en repérant quelles zones sont actives.
Aujourd'hui, la finesse de résolution atteinte par ces techniques permet de voir précisément quels groupes de neurones sont actifs.

Vu le coût et l'encombrement de ces machines, on étudiait le cerveau d'une personne à la fois. Jusqu'au jour où un scientifique, Giacomo Rizzolatti (en photo), a voulu voir ce qui se passait dans les cerveaux de 2 personnes en interaction...

Et là, il a fait une extraordinaire découverte. Certains neurones qui s'activent si on fait une action vont aussi s'activer si on regarde quelqu'un d'autre faire la même action. Plus largement, lorsque une personne vit, ressent ou fait quelque chose et qu'une autre personne l'observe, les neurones qui s'activent chez la première personne vont aussi s'activer chez la seconde, comme un miroir.

Ainsi, en voyant une personne souffrir, nous ressentons aussi sa souffrance par les neurones miroirs. Nous cherchons alors à aider l'autre, et ainsi à mettre fin à notre propre souffrance. Mais si la souffrance induite par les neurones miroirs est trop fréquente (par exemple si nous regardons trop de films violents à la TV, ou si nous nous gavons de journaux télévisés), notre cerveau va tendre à inhibant les neurones-miroirs, ce qui à la longue peut nous enlever cette faculté d'empathie.

Les neurones-miroirs sont aussi impliqués dans l'apprentissage du langage chez un bébé. Comment un bébé fait-il pour apprendre aussi facilement une langue en 1 ou 2 ans, alors qu'il ne dispose d'aucune autre langue pour servir de référence, et que faute de vécu, il ne peut donner une "substance", un contenu aux mots qu'il entend...?

Réponse: il y arrive grâce aux neurones-miroirs. Quand la mère ou le père parlent à l'enfant, les groupes de neurones actifs des parents vont être "photocopiés" par le cerveau du bébé, reproduisant les mêmes connexions neuronales !

Par la suite, tout au long de l'enfance, nous continuons à faire des copies des connexions neuronales parentales et de leur mode de fonctionnement intellectuel et émotionnel, ce qui va constituer un conditionnement psychologique très profond et inconscient. Bien sûr, nous y ajoutons nos propres connexions, basées sur nos expériences vécues, mais comme les branches d'un arbre, ce sont les premières arborescences qui orientent les suivantes...

C'est aussi en partie grâce aux neurones-miroirs que nous sommes en communion avec un musicien que l'on regarde jouer, comme l'explique Patrice Van Eersel, auteur de "La source noire" et "Le cinquième rêve", ex journaliste d'Actuel et rédacteur en chef du magazine "Nouvelles Clés"...
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