18.01.2010
Les "Maitres du Monde" ne sont pas un ensemble monolithique. Ils souhaitent tous un gouvernement mondial, mais ils sont divisés en plusieurs tendances.

Constitué d'une nébuleuse de think tanks, de "clubs de réflexions", d'organisations exécutives multilatérales (OMC, OCDE, FMI, Banque mondiale, OMC, AIEA...), de lobbies (European Round Table), de sociétés secrètes (Bohemians Club, Skull & Bones, et organisations diverses inspirées par les "Ecoles de Mystères" de Sumer, Babylone et l'Egypte), ce pouvoir mondial est aussi opaque que l'était en son temps le pouvoir communiste en Union Soviétique. Pour savoir ce qui se tramait au Kremlin derrière les apparences de la propagande officielle, les pays occidentaux avaient recours à des "kremlinologues", des spécialistes de la politique russe qui analysaient les moindres signes extérieurs en les recoupant afin de prévoir les évolutions de la politique soviétique.

En utilisant les mêmes méthodes d'observation, on peut actuellement identifier 3 tendances au sein du pouvoir mondial.

La première est constituée par les "multilatéralistes", en majorité européens, partisans de l'unification du monde par les interdépendances économiques et une coopération renforcée entre les pays afin de tous les faire converger vers le même type de société.

La seconde tendance est celle des néo-conservateurs, principalement américains. Ils veulent un monde unifié par la force militaire, sous l'égide des Etats-Unis. Après avoir eu le vent en poupe à la fin des années 90, ils ont pris le pouvoir aux Etats-Unis avec l'élection truquée de George W.Bush. Au moment de l'invasion de l'Irak, cette tendance pesait à peu près autant que les "multilatéralistes" qui étaient opposés à la guerre. C'est pourquoi, pour la première fois depuis la création du Groupe de Bilderberg en 1954, les "maitres du monde" n'ont pu trouver un "consensus". C'est à ce moment là que les divisions sont devenues apparentes, et que les divergences se sont exprimées ouvertement dans les médias. Mais les résultats désastreux de leur politique a considérablement affaibli les "néo-cons" au sein de la "gouvernance mondiale".

La troisième tendance, encore très minoritaire mais renforcée par la crise financière et l'échec des "néo-conservateurs", est constituée de "progressistes" qui ont compris que le système actuel n'était pas viable à long terme, et que le monde devait évoluer vers davantage de justice sociale et un meilleur équilibre avec l'environnement.

L'élection d'Obama est le résultat d'une alliance entre les progressistes et les multilatéralistes contre les néo-conservateurs.

Certes, les "progressistes" ne sont pas aussi radicaux qu'on pourrait le rêver. Mais actuellement, face au pouvoir mondial, les citoyens s'avèrent incapables de s'organiser, de s'unir, de définir clairement leurs objectifs et leurs revendications prioritaires, ainsi que des moyens d'action efficaces pour y parvenir. Les contre-pouvoirs traditionnels sont devenus inopérants. Et le système est tellement lourd et hégémonique qu'il est presque impossible de le renverser par un mouvement populaire. Une situation là encore comparable à celle de l'Union Soviétique où le changement n'a pu venir que de l'intérieur, grâce à un membre du Parti Unique, Mikhaïl Gorbatchev.

Dans l'Histoire, les révolutions réussies ont souvent été le fruit d'une convergence entre le Peuple et une partie éclairée de l'élite. Il est donc important de savoir ne pas mettre tout le monde dans le même sac, et reconnaitre ceux qui, dans les cercles du pouvoir, sont davantage des alliés que des adversaires, en concentrant les attaques sur ceux qui nous entrainent vers le pire.