stratégies planétaires
L'entreprise-vampire
A cause de leur inefficience croissante, les grandes entreprises ne sont plus capables de créer de la valeur, mais seulement "d'aspirer" la richesse des autres acteurs économiques, du corps social, et des états...

Pour satisfaire les exigences des marchés financiers, les entreprises doivent afficher une croissance annuelle des bénéfices d'au moins 20%. Pour la plupart des entreprises, une telle performance est impossible avec une croissance économique globale qui n'est que de 2 à 4%.

De plus, à cause leurs méthodes de gestion (downsizing, pression constante sur les salariés, recherche de la rentabilité immédiate, encouragement du conformisme et refus du risque…) les entreprises sont devenues incapables de créer la vraie valeur économique, qui naît de l'innovation, dont les matières premières sont l'intelligence, l'imagination, l'anticonformisme, et le temps.

Faute de créer des richesses sur un rythme de 20%, les entreprises doivent donc augmenter leurs profits en "aspirant" de la richesse supplémentaire qui est prélevée sur la nature et sur les autres acteurs économiques, c'est à dire au détriment du reste de la société et de la véritable richesse du monde.

Les entreprises prélèvent de la richesse sur les salariés par une réduction des salaires et des avantages sociaux, ou en exigeant une plus grande quantité de travail pour le même salaire, ou encore par les "restructurations" et les "délocalisations", c'est à dire en remplaçant les salariés occidentaux par des esclaves du Tiers-Monde. La misère dans laquelle sont plongés les chômeurs et les sans-abris est le résultat d'un transfert de richesse, selon le principe des vases communicants.

Les entreprises prélèvent aussi de la richesse sur leurs clients en augmentant les prix et en abaissant la qualité des produits et des services, ou bien sur leurs fournisseurs en exigeant des prix toujours plus bas, et en organisant la baisse des cours des matières premières minières ou agricoles.

Les entreprises prélèvent également de la richesse sur la nature et sur les populations qui ont été spoliées de leurs terres ou de leurs ressources, condamnés à rejoindre les bidonvilles et à devenir esclaves dans les "ateliers de la sueur" des multinationales.

Enfin, les entreprises prélèvent de la richesse sur les états, c'est à dire sur les contribuables, en obtenant toujours davantage de subventions injustifiées et d'exonérations de cotisations sociales ou d'impôts, tout cela grâce au "lobbying" et au contrôle des partis politiques par des organisations et réseaux occultes qui transforment les gouvernements en serviteurs d'intérêts particuliers au lieu de l'intérêt général.

Les entreprises prétendent "créer des richesses". En réalité, leurs profits ne sont qu'un tour de passe-passe, réalisé en oubliant de comptabiliser le coût des destructions, de la pollution et du malheur humain qui auront été nécessaires pour permettre les "profits". Pour les entreprises, tous ces coûts ont une valeur nulle. Une autre erreur délibérée est la sous-estimation du coût réel des ressources naturelles utilisées. Si tous ces coûts étaient pris en compte, il y aurait un chiffre astronomiquement négatif dans la colonne "profit" des entreprises. En vérité, les entreprises devraient être rebaptisées "centre d'esclavage et de nuisance"...

Mais à long-terme, un capitalisme qui ne respecte pas l'homme et l'environnement se condamne lui-même. Comme un virus ou un cancer, le capitalisme-vampire est en train de tuer son support, la Terre, son écosystème, et ses habitants.

Sylvain Timsit
© Syti.net 2005

Citation
"Je décrirais plutôt la globalisation comme la liberté pour mon groupe d'investir où il veut pour le délai qu'il veut, de produire ce qu'il veut, de rechercher ses matières premières où il veut et de vendre ses produits où il veut, en s'embarrassant le moins possible des droits des travailleurs et des accords sociaux."
Percy Barnevik
PDG de ABB, membre du groupe de Bilderberg et de l'European Round Table
Les salaires des patrons

Alors que l'on demande au citoyen ordinaire de travailler plus pour un salaire de misère, dans une précarité généralisée, et sous la menace permanente d'une "restructuration" ou d'une délocalisation", les entreprises engrangent des bénéfices record. Le bénéfice net totalisé par les 40 plus grandes entreprises françaises a été de 57 milliards d'euros en 2004. Mais le coût humain de ces profits n'a pas été chiffré.

Pendant que les salariés s'appauvrissent, les dirigeants de ces entreprises s'octroient des augmentations souvent à deux chiffres, alors même que leur salaire est déjà 500 fois supérieur au salaire moyen de leurs employés...

Pour exemple, voici le salaire des patrons des 40 entreprises françaises du CAC 40, le principal indice de la Bourse de Paris. (chiffres 2003)
 

nom du PDG entreprise salaire annuel variation annuelle
Lindsay Owen-Jones L'Oréal 6.570.000 euros + 4,9 %
Edouard Michelin Michelin 4.260.000 euros + 146 %
Antoine Zacharias Vinci 3,020.000 euros  
Daniel Bernard Carrefour 2.960.000 euros + 11 %
Daniel Bouton

Société générale

2.950.000 euros + 63 %
Igor Landau Aventis 2.770.000 euros + 38 %
Patrick Le Lay TF1 2.590.000 euros + 66 %
Thierry Desmarest Total 2.520.000 euros + 5 %
Frank Riboud Danone 2.490.000 euros + 3,9 %
Martin Bouygues Bouygues 2.420.000 euros + 25 %
Jean-René Fourtou Vivendi Universal 2.250.000 euros  
Jean-François Dehecq Sanofi-Synthélabo 2.100.000 euros + 10,5 %
Henri de Castries Axa 2.090.000 euros + 57 %
Philippe Camus EADS 2.060.000 euros + 13 %
Louis Schweitzer Renault 1.970.000 euros + 19 %
Bernard Arnault LVMH 1.930.000 euros + 35 %
Patrick Ricard Pernod Ricard 1.880.000 euros - 20 %
Serge Weinberg PPR 1.860.000 euros + 7,2 %
Bertrand Collomb Lafarge 1.780.000 euros + 26 %
Gérard Mestrallet Suez 1.770.000 euros - 22 %
Christian Couvreux Casino Guichard 1.750.000 euros + 4 %
Michel Pébereau BNP Paribas 1.720.000 euros - 13 %
Jean-Louis Beffa Saint-Gobain 1.660.000 euros + 3,7 %
Benoît Potier Air liquide 1.640.000 euros + 27 %
Jean-Martin Folz Peugeot 1.620.000 euros - 15 %
Henri Proglio Veolia Environnement 1.610.000 euros + 23 %
Jean-Marc Espalioux Accor 1.530.000 euros - 5 %
Serge Tchuruk Alcatel 1.530.000 euros + 0,4 %
Arnaud Lagardère Lagardère 1.430.000 euros  
Pierre Richard Dexia 1.410.000 euros + 6,4 %
Thierry Breton France Télécom 1.340.000 euros  
Henri Lachmann Schneider Electric 1.320.000 euros + 50 %
Paul Hermelin Cap Gemini 1.210.000 euros + 32 %
Denis Ranque Thales 1.170.000 euros + 26 %
Pasquale Pistorio STMicroelectronics 1.090.000 euros - 9 %
Charles Dehelly Thomson    960.000 euros  
Jean-Philippe Thierry AGF    890.000 euros - 10 %
Guy Dollé Arcelor    780.000 euros  
Pierre Bellon Sodexho Alliance    640.000 euros + 17 %
René Carron Crédit agricole    250.000 euros  
 

THEMES ASSOCIES
La mondialisation libérale consiste principalement en la suppression de toute entrave à la circulation des marchandises et des capitaux, rendant possible les délocalisations et les profits sans précédent des multinationales. Au risque de causer la désindustrialisation et le déclin géopolitique des pays occidentaux...
Un démontage en règle des mensonges les plus fréquemment utilisés par la propagande néo-libérale et sa "pensée unique".
Comme chaque année au mois de janvier, l'élite internationale de la finance, de l'économie, de la politique et des médias s'est réunie à Davos pour y discuter de l'avenir de la planète et de son cheptel humain...
La crise actuelle est partie des "subprimes" mais il s'agit en fait d'une crise systémique qui aurait eu lieu de toute façon car elle est l'aboutissement de 30 ans de déséquilibres profonds créés par le libéralisme qui a ruiné les classes moyennes et transformé les ex-pays riches etn pays en voie de sous-développement. (sur le blog)
Le traité de l'AMI est un accord économique mondial négocié dans le plus grand secret depuis 1995 sous l'égide l'OCDE, et dont les conséquences constituent une menace sans précédent pour la démocratie.
Des traités du même type, NAFTA et FTAA, ont déjà été acceptés par les pays du continent américain.
L'AGCS est un nouvel accord mondial négocié dans le cadre l'OMC, dans le secret et l'opacité. Son but: démanteler totalement et définitivement l'ensemble des services publics, y compris la santé et l'éducation...
La nouvelle arme de guerre sociale élaborée par la Commission Européenne, pour "libérer" les entreprises de toute règlementation...
Une directive européenne fixe la durée du travail à 48 heures par semaine avec la possibilité d'aller jusqu'à 65 heures. Un pas de plus vers l'instauration d'un nouvel esclavage au service de la "compétitivité" des entreprises...
Nous vivons depuis dix ans un changement radical du type de régime politique dans les pays occidentaux, avec l'avènement d'un nouveau pouvoir, celui des réseaux économiques et financiers. Voici les raisons pour lesquelles nous pouvons dire que nous ne sommes déjà plus tout à fait en démocratie.
Depuis la naissance des grandes démocraties occidentales, nous allions vers toujours plus de progrès, de prospérité, d'éducation, de science, et de bien-être matériel. Désormais, la tendance s'est inversée...
Les causes de la révolution de 1789 sont à nouveau réunies: injustices criantes et accaparement du pouvoir par une caste de privilégiés.
Le futur du monde appartient aux citoyens. Les directions prises par la société, l'économie, l'environnement ne sont pas inéluctables. Sans le savoir, les citoyens disposent de puissants moyens d'action...