ÉLECTIONS
AMÉRICAINES 2004
Une
élection aussi trouble qu'en 2000
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Les élections n'ont pas encore eu lieu que déjà les soupçons s'accumulent sur leur organisation. Les irrégularités pourraient êre encore plus nombreuses qu'en 2000, et certaines d'entre elles ont pu être constatées par la presse et les observateurs internationaux.
Si le vainqueur l'emporte avec un écart inférieur au nombre des votes provisoires, de nombreux comtés seront dans l'impossibilité de faire les vérifications nécessaires dans les délais." Extrait d'un article du Washington Post, publié par Courrier International du 30.09.2004 Le
scandale des machines à voter
électroniques
Censées
éviter les erreurs des anciennes machines à
cartes perforées, les nouvelles machines de vote
à écran tactile sont loin d'être la
panacée. Ainsi, en janvier 2004, lors d'une
élection locale de Floride dans les comtés de
Broward et de Palm Beach, 10.844 personnes sont
allées voter. Le vainqueur a remporté le
scrutin avec seulement 12 voix d'avance. Les lois de Floride
imposent un nouveau décompte des voix à la
main en cas de résultat aussi serré. Mais cela
a malheureusement été impossible. Car il n'y
avait rien à recompter: la seule trace écrite
de C'est d'ailleurs cette absence de trace papier qui est à l'origine de la mauvaise réputation des nouveaux terminaux de vote. Les détracteurs des machines s'inquiètent également du fait qu'il n'y a aucun moyen de savoir si elles sont défectueuses, piratables ou truquées. Et les exemples d'engins qui produisent des résultats aberrants ne manquent pas. Le 9 novembre 2003 par exemple, 144.000 suffrages ont été comptabilisés dans une élection locale de l'Indiana alors qu'il n'y avait que 19.000 inscrits et 5352 votants! En Virginie, certaines machines ont retiré des voix aux candidats au lieu de leur en ajouter. D'autres se sont bloquées et ont dû être réparées; or on s'est alors aperçu que les scellés avaient été brisés et que les cartes mémoire avaient disparu. En termes de fiabilité et de transparence, les machines à sous des casinos sont bien mieux contrôlées par le gouvernement que les machines de vote électroniques fédérales! L'année dernière, le PDG de Diebold, l'un des fabricants de machines à écran tactile, a ouvertement manifesté ses sympathies républicaines en déclarant qu'il s'engageait à "aider l'Ohio à donner ses voix au président l'année prochaine". Quant au logiciel Diebold, disponible sur Internet à la suite d'une indiscrétion, il s'est révélé très facile à pirater. Une seule solution s'impose: exiger que toutes ces machines dernier cri délivrent un bulletin après chaque vote afin que ces derniers puissent être recomptés à la main si nécessaire. La trace papier permettrait d'évaluer le fonctionnement des écrans tactiles, de rassurer les électeurs sur la fiabilité de cette nouvelle technologie et révélerait également toute anomalie suspecte. L'idéal, selon Rebecca Mercuri, spécialiste en vote électronique à l'université Harvard, serait qu'il y ait toujours une "trace papier vérifiée par l'électeur". Le débat sur la nécessité d'une trace papier est loin d'être clos, et il est déjà à l'origine de nombreux procès. En avril dernier, les autorités électorales de Floride ont décidé que les comtés dotés de machines électroniques seront exemptés de décompte manuel des voix en cas de résultat trop serré, comme ce fut le cas en janvier. Selon elles, cette opération est inutile car les machines sont infaillibles. Un juge a certes considéré que ce règlement allait à l'encontre des lois de l'Etat, mais la Floride devrait faire appel. Autre domaine dans lequel la transparence devrait être de mise: la vérification des appareils. Actuellement, les machines sont vérifiées et certifiées conformes par trois entreprises qui cultivent le goût du secret. Même si elles sont indépendantes, elles sont rémunérées par les fabricants et sont liées par des contrats de stricte confidentialité. Et les patrons de deux d'entre elles ont apporté leur contribution financière à la campagne de George W.Bush. Cette nouvelle technologie ayant entraîné dans son sillage le chaos et la controverse, le déroulement de l'élection présidentielle s'annonce houleux. Les machines de vote électroniques étant déjà à l'origine de dizaines de procès, elles sont une véritable aubaine pour tous ceux qui souhaitent contester les résultats d'une élection au coude-à-coude. En d'autres termes, si ces nouvelles machines sont en théorie mieux que les anciennes, elles risquent de se révéler pires dans la pratique. Jo
Becker et Dan Keating - The Economist
(extraits) Par ailleurs, le 15e symposium des technologies de vote, organisé à Seattle le 15 février 2004 par l'Association américaine pour le progrès des sciences (AAAS), avait averti que plus d'un quart des votes à la prochaine élection présidentielle américaine pourraient être falsifiés. Le professeur David Dill de l'université de Standford avait notamment déclaré: "un quart des électeurs utilisera des machines à voter qui n'offrent qu'une faible protection. Il n'y a aucune raison de croire ces machines ( ). Hacker le système n'est pas difficile techniquement si vous soudoyez un programmeur de la société fabriquant les machines à voter. Si vous me demandez si cela peut-être fait, la réponse est oui à 100%". 4,7
millions d'Américains privés de droit de
vote Or il se trouve que les minorités sont particulièrement touchées par ces lois. 13 % des hommes afro-américains ne peuvent pas voter pour cette raison. Or les membres de ces minorités votent démocrate dans 65 % à 90 % des cas. En Floride, où la plupart des condamnés sont privés à vie du droit de vote, 8 % des adultes ne peuvent pas voter. Ces chiffres prennent toute leur importance en cas de scrutin serré. Selon une enquête convaincante menée par l'université du Minnesota (à Minneapolis), George W. Bush aurait perdu la Floride de 80.000 voix en 2000 (au lieu d'une avance de 537 voix) si les personnes ayant un casier judiciaire avaient pu voter. Selon cette même étude, 7 sénateurs républicains auraient perdu des élections depuis 1978 si tout le monde pouvait voter, et les démocrates contrôleraient probablement le Sénat aujourd'hui. Mais le Parti démocrate tourne lui aussi le dos à cette population. Il n'a pas demandé la restauration des droits civiques, de peur de se faire accuser par les républicains de laxisme en matière de criminalité. Kevin
Krajick - The Washington Post
(extraits) Pas
d'isoloir pour les soldats Le ministère de la Défense encourage les soldats à voter par correspondance ou à faxer directement leur bulletin à leurs autorités électorales locales, explique le quotidien. Omega Technologies, un contractant privé, recevra les bulletins faxés et envoyés par courriel et les fera suivre aux bureaux de vote concernés." Ce dispositif comporte un autre grave défaut: cette procédure est vulnérable au piratage et à la fraude. Rien n'empêche des haut gradés de contrôler pour qui votent ceux qui sont sous leurs ordres. On peut très bien imaginer que des fonctionnaires politisés ou des employés d'Omega choisissent ensuite de ne pas faire suivre ou de rendre inutilisables certains bulletins avant qu'ils ne parviennent au Pentagone. Il est en outre inacceptable que l'on ait choisi Omega pour prendre en charge ce programme, estime The New York Times. "Car sa patronne, Patricia Williams, a donné 6600 dollars au Comité national républicain du Congrès et siège au conseil économique de ce même comité. De plus, aucune clause ne permet aux candidats de contrôler la manière dont Omega travaille. Et le Pentagone refuse de rendre publiques les procédures adoptées. article publié par Courrier International du 30.09.2004 Un
scrutin mis en cause par les observateurs
internationaux La délégation s'est rendue en Floride (en raison des problèmes rencontrés en 2000), dans l'Ohio (parce que c'est un Etat très disputé), dans l'Arizona (pour y examiner le financement des campagnes électorales), dans le Missouri (à cause des nombreux dénis du droit de vote qui y ont été relevés en 2000) et en Géorgie (parce qu'on y utilise des machines à écran tactile). C'est la première fois, selon Global Exchange, qu'une ONG entreprend un projet d'une telle ampleur pour suivre le déroulement d'une élection aux Etats-Unis. Dans un rapport publié le 21 octobre, Global Exchange a estimé que les élections américaines 2004 n'étaient pas à l'abri de nouveaux problèmes pouvant mettre en cause la régularité du scrutin. Les observateurs ont notamment mis en cause le fait que des machines à écran tactile n'impriment pas une preuve du vote sur papier et que les élections sont organisées dans certains Etats par des responsables politiquement engagés. En outre, les observateurs soulignent que les personnes condamnées pour des crimes ayant purgé leur peine devraient automatiquement récupérer leur droit de vote, ce qui n'est pas le cas dans huit Etats. Ils recommandent en outre que les élections soient financées publiquement. Par ailleurs, l'élection sera également surveillée par des observateurs européens de la très officielle OSCE (Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe). L'OSCE, qui se concentre traditionnellement sur les missions d'observation électorale dans les démocraties émergentes, avait appelé en 2002 tous ses pays-membres à faire venir des observateurs. Ce qui signifie que Washington était obligé d'inviter des observateurs de l'OSCE. Les Etats-Unis sont l'un des 55 membres de l'OSCE, qui n'avait à ce jour jamais accueilli des observateurs pour un scrutin présidentiel. Des observateurs de l'OSCE étaient en revanche présents l'année dernière lors de la procédure de destitution et d'élection du gouverneur de Californie, ainsi que lors des élections législatives de 2002. Enfin, le 27 septembre, l'ancien président américain Jimmy Carter a affirmé que "certaines conditions internationales de base pour une élection équitable n'existent toujours pas en Floride". Il insiste notamment sur la nécessité d'avoir une commission électorale non partisane pour s'occuper des élections dans cet Etat. Jimmy Carter se base sur l'expérience de son Centre Carter chargé de surveiller certaines élections internationales. sources: The Boston Globe (Etats-Unis), The Gardian (Londres), Associated Press (Etats-Unis) |
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"Hacking democracy" Ce documentaire montre comment les élections américaines peuvent facilement être truquées grâce aux machines à voter aux procédures informatiques totalement opaques, et régies par un logiciel qui peut facilement être manipulé pour effacer des votes qui ne sont pas en faveur du "bon" candidat. C'est ainsi que dans certaines villes, Al Gore a obtenu un nombre de voix négatif. De plus, ces machines sont fabriquées et gérées par une société privée dont les dirigeants financent le parti républicain et dont le patron est un ami de George Bush. (en anglais) |
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