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Insurrection des banlieues 2005

INSURRECTION DES BANLIEUES

Sarkozy embrase les banlieues - L'état d'urgence décrété en France

Nov. 2005


 

(syti.net) L'embrasement des banlieues est (entre autre) un résultat de l'exaspération crée par Nicolas Sarkozy depuis 5 ans. C'est l'échec de sa politique de "tolérance zéro", et de son choix du "tout répressif" au ministère de l'Intérieur, avec la suppression des missions de "police de proximité" axée sur la prévention, et le harcellement pratiqué par des policiers-voyous équipés de "flashballs" par Sarkozy et qui se croient tout permis.

Nicolas Sarkozy a déclenché ces événements par ses déclarations irresponsables devant les caméras dans ce qu'ils concevait comme une "démonstration de virilité" populiste en vue de son élection en 2007.

Nicolas Sarkozy vient en fait de démontrer son incapacité à exercer non seulement la fonction de président, mais aussi celle de ministre. Et ces émeutes des banlieues ne sont qu'un avant-goût de la guerre civile qu'il provoquerait si il était un jour président.

Il aurait du assumer ses responsabilités en démissionnant. Sa démission aurait aussi été la meilleure façon de mettre fin aux violences aussi rapidement qu'elles avaient commencé.

Le gouvernement de Dominique de Villepin a cependant choisi une autre voie en décrétant l'état d'urgence, en instaurant le couvre-feu.

Ces mesures d'exception seraient extrêmement inquiétantes si le premier ministre avait été Nicolas Sarkozy, compte-tenu du peu de considération qu'il a pour les libertés, les droits de l'homme et la démocratie. Dominique de Villepin étant un authentique démocrate, une certaine confiance peut lui être accordée pour que l'état d'urgence de donne pas lieu à des abus. Il est toutefois nécessaire de rester très vigilant sur la suite des événements.

La situation actuelle pourrait en effet être instrumentalisée pour développer la peur et donc la demande de sécurité d'une majorité de la population, et justifier ainsi des atteintes graves et durables aux libertés publiques dans les prochains mois, avec par exemple une systématisation de la vidéo surveillance, et le passage à un régime policier ultra-répressif.

Les provocations verbales de Sarkozy lors de sa visite d'une cité d'Argentueil, la mort de deux lycéens poursuivis par des policiers équipés de "flashball" (et d'humeur "méchante" d'après des témoins), ainsi que le jet d'une grenade lacrimogène par des policiers dans une mosquée (pendant la prière du dernier jour du Ramadan) ont été les évènements déclencheurs de l'insurrection. Ils pourraient bien avoir été orchestrés délibérément afin de remettre la sécurité au premier plan des préocupations des Français. Ce thème est censé être le "point fort" électoral de Sarkozy, de même que la "guerre contre le terrorisme" était censé être le point fort de Bush face à Kerry aux élections présidentielles américaines de 2004. Or parmi les préocupations des Français la sécurité avait été éclipsée par les délocalisations et les problèmes économiques au cours de ces derniers mois, amplifiant le rejet du libéralisme (et donc du programme économique de Sarkozy). Grâce aux émeutes, Sarkozy a pu revenir au premier plan de la scène politique, alors qu'il commençait à être éclipsé par De Villepin.

Certains observateurs évoquent aussi la possibilité que ces événements fassent partie d'un plan élaboré par les Etats-Unis en liaison avec Sarkozy afin de déstabiliser Chirac et De Villepin (devenus des hommes à abattre pour l'administration Bush) et pour mettre fin à la démocratie en France et imposer le "libéralisme" par la force.

Pour l'instant, aucun élément tangible ne permet de confirmer cette hypothèse, et Dominique de Villepin a annoncé l'état d'urgence en alliant la fermeté à la volonté d'apaisement. Il s'est abstenu de recourir à l'intervention de l'armée
(comme le préconisait l'extrême-droite et certains partisans de Sarkozy). Il s'est également abstenu d'utiliser les dispositions de l'état d'urgence qui permettent la censure des médias. Enfin, le couvre-feu est limité aux mineurs et à certaines villes.

Néanmoins, Dominique de Villepin a annoncé que le rétablissement du calme pourrait prendre "un certain temps", ce qui ouvre la voie à une prolongation de l'état d'urgence et du couvre-feu au-delà des 12 jours prévus par la loi du 3 avril 1955 (élaborée pour maîtriser l'insurrection en Algérie). Après ces 12 jours, une loi de prolongation doit être votée par le Parlement (largement dominé par la droite au pouvoir). Le texte de cette loi est déjà en préparation et devrait être annoncé lors du prochain Conseil des Ministres. Tout cela rappelle un peu George Bush déclarant après le 11 septembre que la "guerre contre le terrorisme" était appelée à durer
"plusieurs années", afin de justifier un état d'exception qui allait devenir permanent.

voir les articles sur "L'émergence du libéral-fascisme" et "L'axe Bush-Sarkozy"


INSURRECTION DES BANLIEUES

La guérilla urbaine se poursuit en banlieue: 270 voitures incendiées

03.11.2005


(AFP/AP) La banlieue parisienne a connu une septième nuit de violences urbaines qui se sont étendues à 3 départements, avec environ 270 voitures incendiées, des tirs à balles réelles et des destructions de bâtiments publics.

Les premières violences avaient été déclenchées par la mort à Clichy-sous-Bois de deux jeunes poursuivis par la police et qui se sont électrocutés en tentant de se réfugier dans un transformateur électrique, ainsi que par le harcellement continuel pratiqué par les policiers, en particulier le jet d'une bombe lacrimogène dans une mosqué remplie de fidèles le dernier jour du Ramadan.

Les violences urbaines se sont transformées en un embrasement général quasi insurectionnel, en réaction aux propos haineux de Nicolas Sarkozy qui avait traité les jeunes de "raccaille" et promis de "nettoyer les cités au Kärcher ".

En Seine-Saint-Denis, 4 tirs à balles réelles contre des policiers et des pompiers et 177 véhicules brûlés ont été comptabilisés dans la nuit, selon le préfet. Quatre policiers, deux pompiers et trois civils ont été légèrement blessés par des jets de projectiles.

De nombreux bâtiments publics et commerces, notamment la préfecture de Bobigny et la caserne des pompiers à Clichy ont été la cible d'attaques dans le département, une vingtaine de communes sur les 40 du département ayant été le théâtre de violences urbaines.

Le nord d'Aulnay-sous-Bois a fait l'objet des violences les plus spectaculaires: des jeunes gens ont fait une incursion dans le poste de police du Gallion, toujours fermé la nuit, rue Edgar Degas, près de la cité des 3.000, selon la préfecture. Ce poste "a été saccagé par des voyous", a déclaré une source policière. Il avait fait l'objet d'une tentative d'incendie en début de soirée, de même source.

Dans ce même quartier, peu avant 23H30, trois journalistes de France 2 ont abandonné leur voiture quand des dizaines de jeunes encagoulés ont surgi en les menaçant, près du carrefour de l'Europe, selon leur témoignage recueilli sur place par l'AFP.

Peu après, leur voiture brûlait, carcasse retournée, au milieu de la rue Jacques Duclos, où quelques dizaines de jeunes gens défiaient les CRS qui leur faisaient face, à dix mètres, selon l'AFP sur place.

Au même endroit, une concession automobile Renault était en flammes, mobilisant un très grand nombre de pompiers pendant plusieurs heures. Tout près de là, deux classes d'une école primaire d'Aulnay avaient aussi été incendiées, selon des sources concordantes.

Un gymnase a été incendié au Blanc-Mesnil, commune limitrophe d'Aulnay-sous-Bois, ont indiqué mercredi soir les pompiers de Paris qui ont dit avoir reçu "plusieurs centaines d'appels" pour des incendies de voitures et de poubelles.

Bobigny a également été le théâtre de violences inhabituelles en fin d'après-midi. Une partie du centre commercial "Bobigny 2" a été vandalisée par une quarantaine de personnes encagoulées, et une voiture incendiée devant la préfecture.

On en est désormais arrivé à un point où la violence est encouragée par la présence des policiers. Un peu comme en Irak où la présence de l'armée d'occupation américaine alimente la violence, qui en retour, sert de justification à la présence militaire.

INSURRECTION DES BANLIEUES

Deux rames de métro "caillassés" au Blanc-Mesnil

03.11.2005


(AFP) Le trafic d'une partie de la ligne B du RER (réseau express régional) a été paralysé par un arrêt de travail décidé après le "caillassage" la veille de deux trains au Blanc-Mesnil (Seine-Saint-Denis).

Une trentaine d'agresseurs ont jeté des pierres contre deux rames RER, mercredi soir vers 23h. Ils ont forcé, sans le molester, le conducteur d'un des trains à quitter sa cabine de pilotage, cassé des vitres et volé au moins deux des passagers. Une femme a été légèrement coupée par des éclats de verre.

INSURRECTION DES BANLIEUES

A Aulnay-sous-Bois, des jeunes narguent les CRS en pleine nuit

03.11.2005


(AFP) Mains dans les poches, dans les lueurs d'un incendie, de jeunes habitants de la cité des 3.000 défient tranquillement du regard les CRS qui leur font face à dix mètres, en pleine nuit, dans le nord d'Aulnay-sous-Bois. A minuit, quelque 120 CRS sont déployés aux alentours du rond-point de l'Europe bloqué, alors que les pompiers s'activent à éteindre le feu qui vient de ravager une concession automobile Renault. Deux classes d'une école primaire ont également été incendiées.

Tout près de là, des jeunes gens ont fait une incursion dans le poste de police et l'ont saccagé, alors que le poste était fermé pour la nuit. Au milieu de l'avenue, une voiture calcinée gît sur le dos: c'est celle d'une équipe de France 2. "Nous suivions un camion de pompiers qui a pilé quand il a reçu un plot de circulation", raconte un journaliste de France 2 à l'AFP sur place.

Entourée par quelques dizaines de jeunes encagoulés, l'équipe de télévision a fait marche arrière, percutant une voiture de CRS qui la suivait. Les trois journalistes ont alors abandonné leur véhicule aux jeunes hommes qui les insultaient et leur ordonnaient de ne plus rien filmer. La voiture a fini en flammes. Une école primaire a également été incendiée.

Dans le dos du préfet Christian Lambert, directeur central des CRS, des jeunes de la "Cité ds 3.000" se glissent au milieu des forces de l'ordre, s'approchent des journalistes. "Cela va peut-être leur faire comprendre, aux gens du gouvernement...", suggère anonymement un jeune de 23 ans. "C'est que le début", dit un autre, "ça va continuer jusqu'à ce que Sarkozy démissionne!"

Sur les talus herbeux de l'avenue, le secrétaire national du syndicat UNSA-police, Marc Gautron, constate "une escalade de la violence", "malgré les discours d'apaisement du gouvernement". "Nous demandons depuis des années que la police de proximité soit rétablie", dit-il, en estimant qu'il n'y a "plus assez de prévention".

Pour André Gérin (PCF), le gouvernement mène "une guerre contre les jeunes". Il dénonce un "trop-plein de discriminations qui pètera à la gueule de la société toute entière". "Nous irons tout droit vers une société de type «Orange mécanique»".

INSURRECTION DES BANLIEUES

Sarkozy impuissant à enrayer les violences en banlieue parisienne

03.11.2005


(AFP) Le ministre de l'Intérieur Nicolas Sarkozy, président du parti majoritaire UMP et candidat déclaré à la présidentielle de 2007, apparaissait impuissant à mettre un terme à la flambée de violences sans précédent ces dernières années dans des banlieues pauvres et à forte population d'origine immigrée près de Paris, là où le chômage et l'échec scolaire ont explosé.

Les appels à "l'apaisement" lancés mercredi par le président Jacques Chirac et les efforts des responsables locaux, notamment des éducateurs souvent d'origine immigrée surnommés "les grands frères", sont également restés sans effets. Des groupes de jeunes gens cagoulés, armés de pavés et de cocktails molotov (tiens, ça rappelle quelque chose...) ont affronté les policiers au cours d'une septième nuit d'émeutes.

Nicolas Sarkozy apparait aussi isolé par les critiques, y compris venant de son propre camp, qui l'accusent d'avoir jeté de l'huile sur le feu par ses déclarations martiales contre la "racaille" de banlieue.

INSURRECTION DES BANLIEUES

Begag pas d'accord avec Sarkozy sur le terme de "racaille"

30.10.2005


(AFP) Azouz Begag, ministre délégué à la "Promotion de l'égalité des chances", a critiqué indirectement son collègue et ministre de l'Intérieur Nicolas Sarkozy en demandant qu'on ne traite pas les jeunes des banlieues difficiles de "racaille". "Il ne faut pas dire aux jeunes qu'ils sont des racailles, il ne faut pas dire aux jeunes qu'on va leur rentrer dedans et qu'on va leur envoyer la police. Il faut y aller avec une volonté d'apaiser", a déclaré Azouz Begag à France 2.

Le mot de racaille avait été utilisé par le ministre de l'Intérieur lorsqu'il s'était rendu dans la soirée du 25 octobre à Argenteuil (Val d'Oise) pour vérifier la mise en place du nouveau dispositif contre les violences urbaines. Il avait été l'objet de cris hostiles, ponctués par le jet de projectiles divers. Prenant à témoin des gens à leur balcon et filmé par les caméras de télévision, il avait lancé: "Vous en avez assez de ces racailles, hein? Et bien on va vous en débarrasser !".

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Le footballeur Lilian Thuram, "énervé", répond à Sarkozy

08.11.2005


(AFP) Le footballer de l'équipe de France Lilian Thuram, par ailleurs membre du Haut Conseil à l'Intégration, a indiqué être "énervé" par les discours entendus sur les banlieues et a répondu au ministre de l'Intérieur, Nicolas Sarkozy, en affirmant ne "pas être une racaille".

"Moi aussi, j'ai grandi en banlieue. Quand quelqu'un dit il faut nettoyer au Kärcher... Il ne sait peut-être pas ce qu'il dit, Sarkozy. Moi, je le prends pour moi. (...) Moi aussi on me disait: «tu es une racaille». Mais je ne suis pas une racaille. Ce que je voulais, c'était travailler. Il n'a peut-être pas saisi cette subtilité. (...) La violence n'est jamais gratuite. Il faut comprendre d'où arrive le malaise. Avant de parler d'insécurité, il faut peut-être parler de justice sociale. Les gens (en banlieue) n'ont peut-être pas de travail", a expliqué le champion du monde 1998 et champion d'Europe 2000.

INSURRECTION DES BANLIEUES

Le PS appelle à "mettre fin au populisme sécuritaire de Nicolas Sarkozy"  

01.11.2005


(AFP) Le Parti socialiste a jugé mardi "inadmissible" le silence du Premier ministre et du chef de l'Etat dans les événements de Clichy-sous-Bois, qui sont, selon lui, la conséquence "des provocations récurrentes de Sarkozy".

"Lorsqu'un ministre de l'Intérieur n'hésite pas à utiliser des propos injurieux, en traitant de «racaille» et en voulant «nettoyer au Kärcher» des populations qui ont le tort d'être fragiles, c'est l'image de la République qui est ternie", souligne le PS dans un communiqué, intitulé "Halte au feu!".

Pour le Parti socialiste, "la tension a atteint son paroxysme avec les tirs de gaz lacrymogènes en direction d'un lieu de prière et de surcroît pendant la nuit sacrée du Ramadan". "S'agit-il d'une erreur ou d'un acte délibéré? On est tenté de croire à une énième provocation", poursuit le communiqué.

"La lumière doit être faite sans délai sur l'origine du problème, sur l'attaque d'un lieu de prière et surtout sur les circonstances qui ont conduit au décès des deux adolescents: Banou et Ziad", selon le PS, estimant que "leurs familles ont droit aux excuses de la République".

Le PS souligne "qu'il est temps de mettre fin au populisme sécuritaire de Nicolas Sarkozy, directement inspiré de l'idéologie de l'extrême droite. Ce que cette dernière a rêvé, Sarkozy l'a fait. L'opinion en est témoin et les électeurs s'en souviendront".

"Il faut définitivement casser la spirale de la violence et sanctionner de manière exemplaire les responsables de ce drame... fussent-ils ministres!", conclut le PS.

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Chevènement: Sarkozy "a manqué de sang-froid"

01.11.2005


(AFP) Jean-Pierre Chevènement, ex-ministre de l'Intérieur socialiste, a estimé dans une interview sur France Inter que Nicolas Sarkozy a "manqué de sang-froid et n'a pas mesuré ses propos, à plusieurs reprises". "Il parle quelquefois trop vite, il ferait bien de réfléchir un peu plus".

Evoquant le "climat épouvantable" qui s'est créé à Clichy-sous-Bois, JPC a déploré "l'abandon d'une doctrine de l'action policière" qu'il avait mise en place de 1998 à 2000: "la police de proximité, qui avait pour but de modifier le rapport de la police et de la population en territorialisant l'action".

INSURRECTION DES BANLIEUES

De Villepin monte au front

02.11.2005


(AFP) Le Premier ministre Dominique de Villepin a reporté sa visite au Canada en raison de la situation dans les banlieues, et a annoncé un plan d'action "avant la fin du mois de novembre".

Le premier ministre a tout d'abord déploré "un terrible drame humain" après la mort de deux jeunes à Clichy-sous-Bois, souhaitant que "toutes les conclusions" soient tirées.

Evoquant "la réalité que vivent beaucoup de Français et Françaises au quotidien", le Premier ministre a constaté: "Ce sont près de 180 voitures qui ont brûlé au cours des derniers jours dans les quartiers, des commerçants qui ont été agressés. Ce sont des enfants qui n'osent plus sortir. Ce sont des mères de familles qui n'osent plus reprendre le travail. Les affrontements seront sanctionnés par la justice comme il se doit. Il ne peut y avoir, il n'y aura pas de zone de non droit en France".

Dominique de Vilepin a aussi subtilement mis Nicolas Sarkozy devant ses responsabilités: "Le gouvernement assurera l'ordre public, il le fera avec la fermeté nécessaire, c'est la tâche difficile de Nicolas Sarkozy".

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Violences urbaines: "vive préoccupation" des Evêques de France

05.11.2005


(AP) La Conférence des Evêques de France, réunie à Lourdes en Assemblée plénière, a exprimé samedi sa "vive préoccupation" devant les violences de ces derniers jours dans les banlieues des grandes villes tout en critiquant la réponse qui leur est faite.

"Nous estimons que la répression et l'incitation à la peur collective ne sont pas une réponse à la hauteur de ces tensions dramatiques de notre société", écrivent les évêques dans un communiqué.

"Les images des médias donnent à ces évènements un fort retentissement dans l'opinion publique", créant "des méfiances entre les différentes composantes de la société", déplore le texte.

Appelant à s'interroger sur "ce qui peut engendrer de telles spirales de violence dans nos grands ensembles", les Evêques rendent hommage au travail quotidien des associations, écoles, éducateurs et formateurs sociaux sur le terrain, qui "doivent se sentir soutenus par nous tous". "Il est vital d'ouvrir à ces novuelles générations, souvent en mal d'espoir, un avenir de liberté, de dignité et de respect de l'autre", concluent les Evêques.

INSURRECTION DES BANLIEUES

"Paris brûle": la presse internationale s'inquiète

07.11.2005


(AFP) De la Pologne à l'Afrique du Sud, la Chine et les Etats-Unis, la presse accorde une large place, souvent en Une, aux émeutes qui secouent la France depuis plus de dix jours.

"Paris brûle", écrit le quotidien italien La Stampa. "C'est le black out anarchique, une Nouvelle-Orléans sur Seine", renchérit le Corriere della Sera.

Les groupes islamistes "n'y sont pour rien et peu de casseurs en appellent à l'islam pour justifier leurs attaques", assure le Wall Street Journal, qui estime toutefois que des groupes extrémistes pourraient vouloir récupérer le mouvement.

Le quotidien allemand Tagesspiegel (centre-gauche) souligne "qu'il faut garder son calme: Paris n'est pas Bagdad". Plusieurs journaux comparent la situation à la révolution étudiante de mai 1968. Il s'agit des "bouleversements les plus graves depuis mai 1968. Leurs effets peuvent être très graves et toucher toute l'Europe occidentale", juge le quotidien polonais Rzeczpospolita (droite).

L'insurrection risque de "se propager au reste de l'Europe", s'inquiète le journal portugais Correio da Manha, invitant "à réfléchir à l'exemple français".

"Les autres pays craignent un phénomène de domino", constate le quotidien grec Elefthérotypia (centre-gauche). Car "la France est traditionnellement le point de référence, le baromètre de ce qui se passe ensuite dans les sociétés voisines", selon la radio espagnole Cadena Ser, la plus écoutée du pays.

Pour L'Echo, quotidien économique belge, les émeutes en France traduisent "le désarroi par rapport à une situation économique difficile et le rejet d'une Europe de moins en moins proche des citoyens". La presse autrichienne conclut à l'échec du "modèle français" d'intégration des immigrés.

Dans cette France qui prône depuis les années 1960 "assimilation puis intégration", l'égalité des chances dans les banlieues est "une chimère pour la majorité des enfants", "taxés d'office du triple délit de faciès, d'adresse et de nom", estime le journal marocain des milieux d'affaires, l'Economiste.

Pour le quotidien grec Elefthéros Typos (centre-droit), le ministre de l'Intérieur Nicolas Sarkozy est "dans l'oeil du cyclone" mais d'autres journaux s'en prennent au président Jacques Chirac. Le quotidien allemand Frankfurter Rundschau (gauche) le compare à Louis XVI: "Qu'est-ce qu'attend le chef d'Etat? Commet-il une faute historique comme jadis Louis XVI qui, commentant les nouvelles inquiétantes émanant du peuple, posa d'une manière sceptique à ses conseillers la question: «Alors il s'agit d'une révolte?» pour qu'on lui réponde: «Non votre Altesse, d'une révolution!».

INSURRECTION DES BANLIEUES

M. Sarkozy est "dangereux" et se "prend pour un shérif", selon Noel Mamère

05.11.2005


(AP) Le député écologiste Noël Mamère a estimé que le ministre de l'Intérieur Nicolas Sarkozy était "dangereux" et se prenait pour un "shérif", affirmant une nouvelle fois qu'il devait démissionner après les récentes violences dans les banlieues.

"Nous avons en face de nous des gens dangereux, un ministre de l'Intérieur qui est dangereux et qui se prend pour un shérif. Il veut diviser la France en deux, entre les gens biens et les voyous qui habiteraient dans les banlieues". S'il ne démissionne pas, "le président ou le Premier ministre devrait demander sa démission. Les mots de Nicolas Sarkozy sont inacceptables dans une démocratie", a-t-il ajouté en référence au mot de "racaille" employé par M. Sarkozy.

"Il ne fait que récolter ce qu'il a semé. On se demande comment cela va s'arrêter. La spirale est là. Le discours sécuritaire est un échec total, puisqu'il aboutit à l'insécurité", a estimé Noel Mamère.

M. Sarkozy "ne fait que détruire le lent, long et difficile travail" mené par les élus et les associations aux niveau local. "Il nous fait revenir 10, 15 ou 20 ans en arrière", a-t-il assuré.

INSURRECTION DES BANLIEUES

Les émeutes s'amplifient, 1300 véhicules incendiés

06.11.2005


(AFP) Au onzième jour des violences dans les banlieues, l'insurection s'amplifie malgré les appels au calme, avec un nombre record de près de 1300 véhicules incendiés dans la nuit de samedi à dimanche, y compris en province et à l'intérieur de Paris, le bilan le plus lourd depuis le début des violences le 27 octobre.

La majorité des véhicules incendiés le sont toujours en région parisienne (741) mais la contagion aux cités de provinces s'accroît: le chiffre de voitures endommagées y a doublé la nuit dernière (554 contre 241 la veille). Dans le centre de Paris, trente-deux véhicules particuliers ont été incendiés et trente personnes interpellées. Outre ces 32 véhicules détruits par le feu, 19 autres ont été "endommagés ou dégradés par la propagation des flammes", a précisé la préfecture de police.

Ces nouveaux chiffres portent à près de 3.500 le nombre de véhicules incendiés depuis le début des émeutes, tandis que 800 arrestations ont été effectuées depuis le 27 octobre.

Dans l'Essonne, plusieurs bâtiments, dont deux classes d'une école maternelle à Grigny et un MacDo de Corbeil-Essonnes défoncé par une voiture-bélier, se sont embrasés. "Brûler une école, c'est inacceptable mais celui qui a mis le feu c'est Sarkozy", pestait samedi soir un parent d'élève de Grigny. Dans l'Essonne toujours, à Evry, un atelier de confection artisanale de cocktails molotov situé dans un local désaffecté de la police municipale a été découvert dans un quartier du Parc aux Lièvres. Six mineurs ont été interpellés alors qu'ils en sortaient. A Clichy-sous-Bois, point de départ des violences et où le calme semblait revenu, le gymnase Armand Desmet a entièrement brûlé dans la nuit. A Athis-Mons, deux personnes ont été légèrement blessées par intoxication et une centaine évacuées dans la nuit après l'incendie d'un foyer Sonacotra.

Les violences se sont aussi étendues en province dans des villes jusqu'alors épargnées. A Evreux (ouest), de violents affrontements ont ainsi opposé policiers et jeunes gens armés de batte de base-ball, faisant un nombre indéterminé de blessés. Un centre commercial a été gravement endommagé. Des violences ont touché, à des degrés divers, les villes de Nantes, Rennes, Toulouse, Lyon, Lille, Strasbourg, et Pau, mais aussi dans des villes jusqu'à présent relativement calmes. La plupart du temps, il s'agit d'incendies de quelques voitures à l'aide de cocktails Molotov par des bandes de jeunes, comme à Av.

Deux mille trois cents policiers ont été déployés en renforts, et sept hélicoptères munis de puissants projecteurs et de caméras vidéos ont survolé les zones "sensibles" autour de Paris. Mais des groupes de jeunes gens, très mobiles, ont continué à harceler les forces de sécurité dans plusieurs quartiers et à attaquer commerces, bâtiments, et à incendier des véhicules et des poubelles.

Ni les appels au calme, ni les renforts de police et d'hélicoptères ne semblaient avoir de prise sur la détermination des groupes de jeunes qui clament leur "haine" du ministre de l'Intérieur, Nicolas Sarkozy. "Dites que c'est Sarko avec ses propos scandaleux qui est le pyromane. Ici c'est une poudrière", a lancé dans la nuit un habitant du quartier des Mureaux, près de Paris.

Dominique de Villepin recevra ce dimanche à Matignon à 15H00 des policiers et gendarmes "mobilisés dans les zones urbaines sensibles" puis à 16H15 des enseignants travaillant en banlieue, a annoncé le service de presse du Premier ministre. Quant au président Jacques Chirac, il est resté silencieux, son entourage se bornant à indiquer qu'il s'exprimerait "le moment venu, s'il l'estime nécessaire".

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Trois personnes interpellées pour des blogs qui appelaient aux violences urbaines

07.11.2005


(AFP) Trois personnes, dont un mineur, ont été interpellées pour avoir animé des blogs qui appelaient à attaquer des policiers et des commissariats. L'un de ces sites, intitulé "Nike l'Etat", lançait l'appel: "Ouais Ile-de-France, unissez-vous, faites tout cramer les keufs".

Les trois blogs qui exhortaient aux violences urbaines ont été désactivés ce week-end. Ils étaient consultables sur Skyblog, un site de la station de radio SkyRock, qui a coopéré avec les enquêteurs et fourni toutes les informations permettant les interpellations.

Cependant, l'un des blogs était hébergé en Amérique du Sud, son auteur est donc difficilement identifiable.

INSURRECTION DES BANLIEUES

Sarkozy en situation périlleuse après 11 jours d'émeutes

06.11.2005


(AFP) Une partie de l'opposition demande la démission du ministre de l'Intérieur Nicolas Sarkozy, que la poursuite des violences urbaines place dans une situation périlleuse, au regard de ses ambitions présidentielles.

M. Sarkozy est accusé par la gauche d'avoir mis le feu aux poudres avec ses propos ("kärcher", "racaille"), qualifiés de "provocations verbales" par le Premier secrétaire du Parti socialiste, François Hollande.

Après le Parti communiste français (PCF), des voix se sont élevées au sein du PS et des Verts pour réclamer la démission de celui que Noël Mamère (député des Verts) a traité de "pyromane".

Quant au PS, sa direction ne demande pas "pour l'instant" une telle mesure, a précisé son porte-parole Julien Dray. "Ce serait dire aux casseurs qu'ils ont raison", a-t-il expliqué.

Le président de l'UDF François Bayrou s'abstient également de souffler sur les braises. "La situation est suffisamment grave, inquiétante pour beaucoup de Français, pour qu'on y ajoute polémique et surenchère. Lorsque les événements se seront calmés, il sera temps de s'interroger sur les circonstances, les causes, les responsabilités éventuelles", a-t-il déclaré.

Une démission de Nicolas Sarkozy "ne résoudrait rien", explique le député-maire UDF de Drancy, Jean-Christophe Lagarde. "Il est clair que ses déclarations ont excité nombre de jeunes. Pour le reste, ce qui explose là aurait explosé à une autre occasion, parce que c'est aussi le résultat d'une absence de politique réelle en direction de nos villes depuis une vingtaine ou une trentaine d'années, gauche et droite confondues".

INSURRECTION DES BANLIEUES

La violence en banlieue risque d'affecter l'image de Sarkozy

04.11.2005


(AFP) La flambée de violence dans les banlieues risque d'affecter l'image du ministre de l'Intérieur Nicolas Sarkozy, qui a fait de la sécurité son fond de commerce dans sa stratégie présidentielle. Le président de l'UMP pouvait se targuer, lors de son premier passage au ministère de l'Intérieur (2002-2004), d'une baisse de la délinquance. Mais aujourd'hui, une semaine de troubles urbains entache l'action de celui qui promis de "débarrasser la France des voyous".

Selon un parlementaire de la majorité, "Sarkozy est fragilisé parce qu'il avait donné le sentiment d'avoir réglé le problème il y a deux ans".

Un député proche du Premier ministre Dominique de Villepin estime que Nicolas Sarkozy "risque de s'enfermer dans un personnage, celui de premier flic de France, au détriment d'une vocation plus généraliste". "Il peut sans doute consolider le noyau dur qu'il a autour de lui, mais rendre plus sceptique l'électorat modéré".

Pour Stéphane Rozès, directeur du CSA, ce n'est pas tant son action comme ministre de l'Intérieur qui pourrait être fragilisée, que peut-être plus tard son image de présidentiable si les violences devaient se poursuivre".

Pour Dominique Reynié, professeur à Sciences Po, "Nicolas Sarkozy a pris un risque personnel" en employant un tel vocabulaire. Soit la situation se dégrade, et l'opinion publique pourrait lui reprocher d'avoir "jeté de l'huile sur le feu" et craindre une quasi guerre civile si il devenait président.

Pour Pascal Perrineau, directeur du centre de recherche politique de Sciences Po, "cette crise remet au premier plan l'enjeu de l'insécurité et un personnage dont on sait qu'il a sur cet enjeu un avantage comparatif par rapport aux autres". Mais cette situation peut aussi "renvoyer Nicolas Sarkozy dans le rôle du méchant, durcir son image personnelle et certains traits de caractère que les Français peuvent considérer inquiétants".

INSURRECTION DES BANLIEUES

Près de deux tiers des Français estiment que Nicolas Sarkozy utilise parfois des termes "choquants"

05.11.2005


(AP) Près de deux tiers des Français (63%) pensent que Nicolas Sarkozy utilise parfois des termes "choquants" pour un ministre de l'Intérieur, selon un sondage CSA réalisé pour "Le Parisien-Dimanche", "Aujourd'hui Dimanche" et l'émission "Ripostes" sur France-5.

Deux Français sur trois (66%) estiment également que M. Sarkozy, critiqué pour certains propos qu'il a tenus lors de visites en banlieue parisienne, dans le contexte actuel de violences urbaines, met trop l'accent sur la répression et pas assez sur la prévention.

73% des personnes interrogées jugent aussi que ses interventions sont trop médiatiques.

INSURRECTION DES BANLIEUES

Dominique de Villepin annonce le recours au couvre-feu

07.11.2005


(AFP) Dominique de Villepin a annoncé le recours éventuel au couvre-feu pour "rétablir le calme" dans les banlieues, conformément aux dispositions de la loi de 1955, "permettant aux préfets de recourir au couvre-feu s'ils l'estiment nécessaire". Le couvre-feu permet "d'interdire la circulation des personnes ou des véhicules dans les lieux et aux heures fixées par arrêté".

Cette mesure "concerne l'ensemble du territoire et les préfets décideront à l'intérieur de ces territoires, les quartiers les plus sensibles où ils jugent que de telles mesures doivent être prises", a expliqué le Premier ministre.

Interrogé sur une éventuelle intervention de l'armée, il a répondu: "Nous n'en sommes pas là". Mais "à chaque étape, nous prendrons les mesures nécessaires pour que l'ordre soit rétabli très rapidement sur l'ensemble du territoire national", a-t-il prévenu. "C'est notre premier devoir: assurer la protection de chacun".

Le Premier ministre a par ailleurs annoncé que le gouvernement allait "restaurer la contribution" financière aux associations de quartier, "abaissée" par le gouvernement ces dernières années.

Interrogé sur le terme de "racaille" utilisé par le ministre de l'Intérieur Nicolas Sarkozy, M. de Villepin a affirmé que "tous les mots sont importants et (que) nous devons faire en sorte de nous rassembler". "Ne stigmatisons pas en cette période, soyons rassemblés tous ensemble pour nous permettre de trouver les solutions qui nous permettront d'avancer", a-t-il ajouté.

Le Premier ministre a aussi annoncé un renforcement des moyens en hommes sur le terrain, avec la mobilisation de 1.500 policiers et gendarmes réservistes, alors que 8.000 membres des forces de l'ordre sont déjà mobilisés.

INSURRECTION DES BANLIEUES

Le Conseil des ministres institue l'état d'urgence

08.11.2005


(AFP) Le Conseil des ministres a institué un état d'urgence, qui autorisera notamment l'instauration du couvre-feu dans des zones définies.

Cet état d'urgence permet notamment la mise en oeuvre de couvre-feux et la conduite de perquisitions en dehors du cadre judiciaire. Les zones dans lesquelles sera appliqué le couvre-feu seront fixées par décret que présentera le ministre de l'Intérieur Nicolas Sarkozy.

D'ores et déjà, il est prévu de prolonger de l'état d'urgence au-delà des 12 jours prévus par la loi du 3 avril 1955. Le porte-parole du gouvernement Jean-François Copé a annoncé qu'un nouveau conseil des ministres serait convoqué avant la fin de la semaine pour adopter un projet de loi permettant cette prorogation.

Jacques Chirac a expliqué devant les ministres que cette décision exceptionnelle d'instaurer des couvre-feux était nécessaire pour "le retour au calme". Il a demandé de mettre en oeuvre ces mesures "au plus vite", selon M. Copé. "Je vous demande de mettre en oeuvre ces mesures au plus vite, dans un esprit de responsabilité et de respect", a dit le chef de l'Etat. "Mais la primauté de la loi va nécessairement de pair avec la justice. Ce n'est qu'en donnant toute sa réalité à ce principe fondamental de la République que nous dépasserons la situation actuelle", a ajouté le chef de l'Etat.

INSURRECTION DES BANLIEUES

Villepin à l'Assemblée: "rétablir l'ordre prendra du temps"

08.11.2005


(AFP) Le Premier ministre, Dominique de Villepin, a très longuement justifié devant les députés l'instauration tout à fait exceptionnelle de l'état d'urgence, face aux violences dans les banlieues, avertissant que "rétablir l'ordre prendra du temps".

L'état d'urgence, applicable pendant 12 jours, sera prorogé "si les circonstances l'exigent" via un projet de loi soumis au Parlement. Des "sanctions pénales pouvant aller jusqu'à deux mois d'emprisonnement" sont prévuespour ceux qui refuseraient de se soumettre aux mesures de restriction de la circulation.

Dominique de Villepin a précisé que le décret pris en Conseil des ministres "exclut tout contrôle des médias".

M. de Villepin a promis que l'Etat serait "ferme et juste". "Le rétablissement de l'ordre public est un préalable", "notre responsabilité collective est de faire de ces quartiers sensibles des territoires comme les autres de la République".

Ce débat à l'Assemblée se déroulait devant un hémicycle comble, et les députés de la droite ont gratifié Dominique de Villepin d'une "standing ovation".

INSURRECTION DES BANLIEUES

La loi de 1955, une procédure rarissime qui institue l'état d'urgence

07.11.2005


(AFP) Adoptée le 3 avril 1955 en pleine crise algérienne, la loi invoquée par le gouvernement pour recourir au couvre-feu permet l'instauration de "l'état d'urgence", mesure d'exception décrétée en cas de "péril imminent".

"L'état d'urgence peut être déclaré
(...) soit en cas de péril imminent résultant d'atteintes graves à l'ordre public, soit en cas d'événements présentant par leur nature ou leur gravité le caractère de calamité publique" (inondations, tremblements de terre, ...), stipule le texte de loi.

L'état d'urgence ne peut être décrété qu'en Conseil des ministres, pour des zones précises, et seulement pour douze jours. Une prolongation au-delà de ces douze jours doit être autorisée par une loi votée par le Parlement.

Si le gouvernement démissionne, ou si l'Assemblée nationale est dissoute, la loi autorisant la prorogation devient caduque dans un délai de quinze jours.

La loi prévoit deux degrés d'état d'urgence. L'état d'urgence simple donne pouvoir au préfet d'interdire la circulation des personnes ou des véhicules dans les lieux ou aux heures fixés par arrêté. Il peut aussi instituer par arrêté des "zones de protection ou de sécurité où le séjour des personnes est réglementé", mais aussi interdire de séjour dans tout ou partie de son département tout personne "cherchant à entraver l'action des pouvoirs publics".

Le ministère de l'Intérieur peut quant à lui "prononcer l'assignation à résidence" d'une personne "dont l'activité s'avère dangereuse pour la sécurité et l'ordre publics". Il a également la possibilité de décider la fermeture de salles de spectacles, lieux de réunion, débits de boissons, d'interdire les rassemblements ou d'ordonner la remise des armes et munitions. En cas d'état d'urgence aggravé, le ministre peut autoriser des perquisitions de jour et de nuit, voire contrôler la presse.

L'état d'urgence a été appliqué en Algérie par la loi du 3 avril 1955 pour une période de six mois, prorogée par la loi du 7 août 1955 pour six autres mois. A la suite du mouvement de sédition du 13 mai 1958 à Alger, l'état d'urgence a été appliqué en métropole pour faire face à un éventuel coup de force des putschistes. Par la suite, il n'a été utilisé qu'en décembre 1984 pour rétablir l'ordre en Nouvelle-Calédonie.

INSURRECTION DES BANLIEUES

Nette décrue des émeutes après l'instauration de l'état d'urgence

09.11.2005


(AFP) De nombreux préfets ont choisi de ne pas décréter pour le moment un couvre-feu dans leur département contre les violences urbaines, en raison de la nette décrue des violences.

Au total, 617 véhicules ont été incendiés, contre plus de 1400 la nuit précédente.

Le décret instituant l'état d'urgence "à compter du 9 novembre 2005 à zéro heure" a été publié au Journal officiel. Les préfets des 25 départements concernés pourront notamment décider des mesures de restriction de circulation des personnes et des véhicules, dans des lieux et périmètres déterminés, selon des horaires précis. Ils pourront aussi instituer des zones de protection ou de sécurité où le séjour des personnes sera réglementé, et interdire l'accès d'un département à toute personne cherchant à entraver l'action des pouvoirs publics. Le ministre de l'Intérieur peut notamment prendre des mesures d'assignation à résidence. Des perquisitions nocturnes pourront être également ordonnées soit par le ministre, soit par les préfets.

Le ministère de l'Intérieur a par ailleurs annoncé que 1800 personnes avaient été arrêtées depuis le début des émeutes. Le ministère de la Justice a pour sa part indiqué que 130 personnes majeures ont été condamnées à des peines d'emprisonnement ferme.

INSURRECTION DES BANLIEUES

Fragile acalmie des émeutes

11.11.2005


(AP) Les violences urbaines ont diminué pour la quatrième nuit consécutive, avec 463 véhicules brûlés contre 482 la nuit précédente. "Il ne faut toujours pas crier victoire. La baisse reste fragile", a observé un porte-parole de la police nationale alors qu'un rassemblement pour un retour au calme doit être organisé dans l'après-midi à Paris à l'appel du mouvement "Banlieues Respects".

"Il ne faut toujours pas crier victoire. La baisse reste fragile.
(...) On a une baisse qui se poursuit en province mais une légère résistance en Ile-de-France.", a déclaré Patrick Hamon, lors du point presse quotidien au ministère de l'Intérieur.

"On a une baisse qui se poursuit en province mais une légère résistance en Ile-de-France", a expliqué Patrick Hamon en faisant état d'incidents dans 160 villes.

Depuis le 29 octobre, un peu plus de 2000 personnes ont été placées en garde à vue, dont deux pour infraction au couvre-feu.

A Paris et dans le Rhône notamment, des arrêtés ont été pris pour interdire la vente de carburants au détail, afin de "limiter au maximum la capacité des groupes violents à s'approvisionner en produits inflammables".

INSURRECTION DES BANLIEUES

Sarkozy persiste et signe contre les "racailles"

10.11.2005


(AFP/AP) Invité vedette d'une émission spéciale de France 2 sur la crise des banlieues, Nicolas Sarkozy a longuement réitéré ses propos sur la "racaille" et les "voyous" contre lesquels il ne regrette pas d'avoir employé ces termes. "Ce sont des voyous, des racailles, je persiste et je signe", a-t-il déclaré sur France 2 qui consacrait une émission spéciale à la crise des banlieues.

Le ministre a utilisé le terme "racaille" trois fois, lui préférant plus souvent celui de "voyou" et estimant aussi que ces adjectifs étaient appropriés pour une "infime minorité" de jeunes.

Interrogé sur le vocabulaire qu'il emploie depuis quelques semaines et contre lequel certains casseurs disent être passés aux actes, le ministre a répondu: "J'aimerais bien que l'on vienne me dire bien en face, quelqu'un qui ose frapper un pompier, qui jette des pierres sur un pompier, qui balance du haut de la tour une machine à laver sur un pompier, on l'appelle comment? Jeune homme? Monsieur? On l'appelle un voyou parce que c'est un voyou."
(NDLR: Et un policier qui frappe une personne à terre, qui passe à tabac un automobiliste ou un père de famille qui se promène à byciclette - comme c'est arrivé il y a quelques semaines-, on doit l'appeler comment ?)

Sur la diminution progressive des violences depuis trois jours, le ministre de l'Intérieur s'est gardé de tout triomphalisme: "cela ne veut pas dire que cela ne peut pas repartir car les raisons structurelles ne sont pas résolues", a-t-il dit.

L'acalmie des violence reste en effet précaire, surtout lorsque l'on persiste à mettre de l'huile sur le feu pour instrumentaliser la peur et justifier un état d'urgence que l'on souhaiterait rendre permanent...

INSURRECTION DES BANLIEUES

Les CRS vont "rester dans les banlieues" pour les "reconquérir",
selon leur directeur central

12.11.2005


(AP) Conformément aux instructions données par Nicolas Sarkozy, les CRS "vont rester dans les banlieues" pour "reconquérir ces territoires", affirme le préfet Christian Lambert, directeur des CRS (police anti-émeutes).

Les CRS vont intervenir à titre permanent dans les quartiers sensibles de 17 départements. "Les CRS vont rester dans les banlieues. Nous irons dans les endroits les plus difficiles. Sans brusquer les choses, mais en s'imposant, nous allons reconquérir ces territoires", indique Christian Lambert.

Les CRS exerceront dans ces quartiers "une police de proximité, mais pas une police pour dire simplement bonjour aux commerçants. Il s'agira plutôt d'une «police de sécurisation de proximité» qui patrouillera dans les quartiers et qui contrôlera et interpellera si nécessaire les auteurs d'actes répréhensibles", prévient M. Lambert.

INSURRECTION DES BANLIEUES

L'accalmie se confirme après 20 jours de violences urbaines

16.11.2005


(AFP) L'accalmie se confirme au bout de 20 jours de crise, avec 163 véhicules incendiés, contre 215 la veille (27 véhicules détruits en Ile-de-France et 136 en province).

La Police a précisé que "cinq communes seulement comptent plus de cinq véhicules brûlés", tandis que, comme la veille, "on observe une forte dissémination de ces incendies, dont le lien avec les violences urbaines n'est pas toujours avéré".

Il n'y a pas eu d'affrontement majeur entre les fauteurs de troubles et les 11.200 policiers et gendarmes engagés.

INSURRECTION DES BANLIEUES

Sarkozy aux Champs Elysées: bousculade, huées et insultes

13.11.2005




Nicolas Sarkozy conspué pendant sa visite aux Champs-Elysées
(AFP) Le ministre de l'Intérieur Nicolas Sarkozy s'est rendu brièvement samedi soir sur les Champs Elysées à Paris pour y vérifier le dispositif policier. Alors qu'il s'attendait à être aclamé par les passants pour sa croisade contre "la racaille", sa venue a suscité bousculades, huées et insultes, qui ont couvert les applaudissements de ses supporters également présents.

Intrigués par l'attroupement médiatique et venus aux nouvelles, des badauds se sont progressivement mêlés aux journalistes, attendant avec eux Nicolas Sarkozy. Parmi eux, des jeunes ont vite exprimé leur intention de profiter de l'occasion pour crier vertement leur désaccord au ministre. "J'ai deux mots à lui dire", expliquait ainsi l'un, patientant avec ses copains au milieu des journalistes, sous l'oeil des policiers.

A 19H30, le ministre s'est arrêté au niveau de l'attroupement de 200 à 300 personnes, vers le milieu des Champs-Elysées, à la hauteur de l'avenue George V. Son arrivée a immédiatement déclenché une énorme bousculade de journalistes.

Des jeunes ont ensuite lancé des slogans et insultes comme "Sarkozy démission!", "Sarkozy bâtard", "Sarkozy niques ta mère", "Liberté, égalité, fraternité, mais pas dans les cités".

Regagnant sa voiture au milieu de la cohue, le ministre a rejoint la place Charles-de-Gaulle, tandis que plusieurs dizaines de personnes couraient sur la chaussée, vers le haut des Champs, suivant le cortège, les forces de l'ordre semblant brièvement dépassées.

Nicolas Sarkozy a ensuite inspecté le dispositif de sécurité dans la station de métro et de RER, dont l'entrée était interdite par un cordon des forces de l'ordre.

A sa sortie, il a été une nouvelle fois accueilli par des huées et des insultes de la part de jeunes qui s'étaient regroupés. "Sarkozy démission!", ont-ils scandé à plusieurs reprises tandis que le ministre s'avançait en faisant semblant de ne y prêter attention, entouré de son service d'ordre et de policiers.

D'après l'habdomadaire "Le Canard Enchainé", Sarkozy était furieux que sa soirée soit ainsi gâchée. Le soir même, le préfet de police Pierre Mutz était convoqué au ministère de l'Intérieur, où Sarko lui passait un savon pour avoir été incapable d'éviter les incidents.

INSURRECTION DES BANLIEUES

L'état d'urgence prolongé pour trois mois

16.11.2005


Comme prévu, le Parlement a adopté le projet de loi prolongeant pour trois mois l'état d'urgence, et alors que le calme est désormais revenu dans les banlieues. Dès lors, cette prolongation de l'état d'urgence est un abus de pouvoir et un détournement de la loi de 1955 qui n'autorise la déclaration de l'état d'urgence qu'en cas de danger "grave" et "imminent".

Nicolas Sarkozy, venu présenter le texte aux sénateurs après l'avoir défendu devant les députés, a justifié la prolongation de l'état d'urgence par le fait que le retour au calme constaté ces derniers jours n'est pas "définitivement acquis". Or rien n'étant jamais "définitivement acquis", cette déclaration du ministre de la Police ouvre la voie à une transformation de l'état d'urgence en une mesure permanente...

La loi de prorogation prévoit que le conseil des ministres pourra mettre fin par décret à l'état d'urgence avant l'expiration le 21 février de la période de trois mois si les conditions de cette mesure d'exception "ne sont plus réunies ou justifiées".

L'UMP et l'UDF ont voté pour, tandis que le PS et le PCF ont fait bloc contre un texte "inutile au regard de la situation" et "dangereux", selon l'ancien ministre de la justice Robert Badinter (PS). Egalement ancien président du conseil constitutionnel, M.Badinter a mis en garde le gouvernement contre le risque d'engendrer une "Intifada des banlieues" par cet "état de siège civil".

MENSONGES DE SARKOZY

Sarkozy démenti par les juges et les Renseignements Généraux

07.12.2005


(AFP) Les trois semaines de violences qui ont enflammé les banlieues font l'objet d'analyses divergentes des renseignements généraux et de certains magistrats d'une part, du ministre de l'Intérieur Nicolas Sarkozy d'autre part.

Alors que M. Sarkozy a mis en cause "la loi des bandes", assurant que les violences étaient "parfaitement organisées", un rapport confidentiel de la direction centrale des Renseignements généraux (DCRG) relève que ces 3 semaines d'émeutes ont correspondu à une "forme d'insurrection non organisée".

Le rapport de la DCRG souligne que "la France a connu une forme d'insurrection non organisée avec l'émergence dans le temps et l'espace d'une révolte populaire des cités, sans leader et sans proposition de programme".

Selon le rapport de la DCRG, "les jeunes des cités étaient habités d'un fort sentiment identitaire ne reposant pas uniquement sur leur origine ethnique ou géographique, mais sur leur condition sociale d'exclus de la société française".

Nicolas Sarkozy avait déjà été contredit une première fois par la justice après ses déclarations, faites quelques jours avant la fin de crise, selon lesquelles "75 à 80 %" des personnes interpellées dans les émeutes étaient "déjà connues pour de nombreux méfaits" et "étaient déjà des délinquants".

Mais les magistrats, qui ont vu pendant les émeutes défiler devant eux des centaines de prévenus, n'ont pas dressé le même portrait des personnes mises en cause.

Ainsi, au tribunal de grande instance de Bobigny, dans le département de la Seine-Saint-Denis, berceau des émeutes, les magistrats avaient noté que "la majorité des majeurs avaient entre 18 et 22 ans avec très, très peu de gros délinquants", et que la majorité d'entre eux étaient sans antécédent judicaire".

MENSONGES DE SARKOZY

Violences urbaines: un mouvement "largement spontané"

11.01.2006


(AFP) Les violences urbaines de novembre étaient un phénomène "largement spontané", a estimé le procureur de la République de Paris Jean-Claude Marin, lors de l'audience solennelle de rentrée du tribunal de grande instance de Paris.

Dressant le bilan de l'activité du tribunal au cours de ces évènements, M. Marin a affirmé qu'il n'y avait "nulle trace de revendication de type identitaire, de structuration ou d'organisation de mouvements qui apparaissent largement spontanés, nul stigmate d'une impulsion ou d'une récupération politique ou religieuse".

"Les lieux qui ont connu le plus grand nombre d'évènements sont ceux de forte densité de logements sociaux et de population précarisée, tel le 19e arrondissement de Paris, qui totalise, à lui seul, 30% des faits constatés pendant la période étudiée. S'agissant des auteurs d'infractions, ils se révèlent être, pour plus de 75%, âgés entre 16 et 21 ans, 63% ayant même entre 16 et 18 ans, domiciliés, pour 82,5%, dans la capitale, de nationalité française à 87% et, pour 55% des mineurs, sans antécédents judiciaires en matière pénale", a précisé le haut magistrat.

"Les motivations des actes sont difficiles à cerner et n'ont pu être approchées que pour les personnes ayant reconnu les faits qui leur étaient reprochés: il en ressort massivement une dimension ludique et immature", selon M. Marin.

Aux premiers jours des émeutes, le ministre de l'Intérieur Nicolas Sarkozy avait estimé que les violences étaient "parfaitement organisées".

"Si ce n'est pas l'ordre de la police républicaine (qui prévaut), ce sera soit l'ordre des bandes, des mafias, soit un autre ordre, celui des extrémistes", avait-il également affirmé Sarkozy.

POLITIQUE

Sondages: Sarkozy perd 9 points en un mois

14.12.2005


(AFP) Nicolas Sarkozy perd 9 points d'opinions favorables et 8 points de "potentiel électoral" en un mois, selon le baromètre mensuel IPSOS-Le Point.

Le ministre de l'Intérieur et président de l'UMP, dont la popularité avait bondi de 11% en novembre par rapport à octobre sur fond de crise des banlieues, reperd 9% en décembre. Avec 54% d'opinions favorables contre 63% un mois avant, il descend de la première à la cinquième place du palmarès des personnalités politiques.

MENSONGES DE SARKOZY

Le jeune brûlé dans un transformateur
maintient que la police l'a poursuivi

15.12.2005


(AFP/AP) Muhttin Altun, l'adolescent seul rescapé parmi les trois jeunes électrocutés dans un transformateur EDF à Clichy-sous-Bois le 27 octobre (l'événement déclencheur de l'insurrection des banlieues en conjonction avec les provocations verbales de Sarkozy), maintient avoir été poursuivi par la police.

Dans un entretien accordé au journal Le Parisien, Muhittin affirme être allé jouer au football à Livry-Gargan (Seine-Saint-Denis) avec ses amis Zyed et Bouna, tous deux morts électrocutés.

Au retour, dit-il, "j'ai vu Bouna courir et crier derrière nous. Il nous a dit: «Courez, courez, les policiers sont en train de nous courser!». Zyed lui a demandé: «mais qu'est-ce qui se passe?». Bouna a répondu: «Ils ont attrapé David, et ils nous coursent!». Je me suis encore retourné: j'ai bien vu les policiers qui nous poursuivaient. Il n'y avait pas 15m entre nous. Alors on s'est tous mis à courir".

"Avant de me mettre à courir, je me suis retourné et j'ai vu la voiture de police dont un des policiers est descendu avec un flash-ball", poursuit le jeune homme, "on entendait toujours les sirènes, alors on est allés se cacher dans le local à haute tension".

"On est resté là environ trente minutes. Je voulais sortir, rentrer chez moi, après tout, on n'avait rien fait! Mais on entendait des voix, des aboiements de chiens. Et puis l'électricité nous a atteints. Mes copains ont été projetés à gauche, moi à droite. J'ai vu mes habits en train de brûler, comme dans un rêve. Il y a eu une deuxième décharge", se souvient Muhittin.

Au lendemain du drame, le ministre de l'Intérieur Nicolas Sarkozy avait affirmé que "la police ne poursuivait pas physiquement" les victimes. Il avait fait allusion à une tentative de cambriolage sur les lieux, une version réfutée par le procureur de la République de Bobigny.

Le parquet de Bobigny a ouvert le 3 novembre une information judiciaire contre X pour "non assistance à personne en danger" après une plainte des familles des trois victimes. La famille de Muhittin a par ailleurs saisi la justice sur les conditions d'interrogatoire du jeune homme "hors la présence de ses parents" et alors que "le pronostic vital était engagé".

POLITIQUE

De Villepin tourne "sa langue dans sa bouche" avant de parler
(contrairement à Sarkozy)

01.12.2005


(AFP) Le Premier ministre Dominique de Villepin a appelé à la "responsabilité" dans les débats, soulignant que lui-même tournait "plusieurs fois sa langue dans sa bouche" avant de s'exprimer publiquement.

M. de Villepin, interrogé sur ses relations avec le ministre de l'Intérieur Nicolas Sarkozy, s'est réjoui que le débat "soit particulièrement fort" au sein de la majorité.

Mais il a ajouté: "nous avons, moi comme les autres et peut-être plus que les autres, un travail de responsabilité pour faire en sorte que ce débat soit toujours utile, toujours soucieux de faire avancer les choses, et qu'à aucun moment on ne puisse donner l'impression de blesser ou de stigmatiser".

"Tous les matins quand je me lève, tous les soirs, à chaque fois que je vous rencontre, j'ai à coeur de faire en sorte que, tournant plusieurs fois ma langue dans ma bouche, ce soit bien un propos pour faire avancer notre pays, qui serve nos compatriotes", a-t-il encore déclaré.

INSURRECTION DES BANLIEUES

Jacques Chirac désavoue Sarkozy
pour ses déclarations irresponsables

12.12.2005


(AP) Dans un entretien accordé au journal "Le Parisien", le président Jacques Chirac a désavoué son ministre de l'Intérieur Nicolas Sarkozy qui avait qualifié de "racailles" certains jeunes des banlieues lors de son déplacement du 26 octobre à Argenteuil en banlieue parisienne.

Le président a ainsi defini le vocabulaire que devait utilisé un responsable politique: "Quand une personne commet un délit ou un crime, c'est un délinquant ou c'est un criminel. C'est la loi qui le dit. Ce sont ces termes qu'il faut employer. C'est cela la République.
(...)
En politique, le choix des mots est évidemment essentiel.
(...) "En France, tous les citoyens sont les filles et les fils de la République. Il n'y a pas de catégorie de Français. Il n'y a que des citoyens libres et égaux en droit".

Par ailleurs, Jacques Chirac s'est prononcé contre le droit de vote des immigrés aux élections locales, défendu par M. Sarkozy. "En France, la nationalité et le suffrage sont liés", rappelle-t-il.

INSURRECTION DES BANLIEUES

Sarkozy trace le portrait du candidat idéal pour 2007
et se justifie à nouveau sur les "racailles"

17.12.2005


(AP) Devant les adhérents de son parti, l'UMP, Nicolas Sarkozy a dressé un portrait-robot du candidat idéal à l'élection présidentielle de 2007; un portrait qui lui ressemble étrangement, et fort éloigné de son rival Dominique de Villepin.

"Je ne crois pas que les Français attendent un président absolument infaillible sur tous les sujets, comme marchant au-dessus des eaux
(...) Je pense qu'ils attendent un candidat ou une candidate qui parle de façon compréhensible, qui ressemble aux Français."

INSURRECTION DES BANLIEUES

Nicolas Sarkozy défend sa politique sur Al-Jazira

19.12.2005


(AP/AFP) Dans un entretien accordé à la chaîne satellite Al-Jazira à l'occasion d'une visite au Qatar, Nicolas Sarkozy a défendu la réaction "ferme" du gouvernement français face à la crise des banlieues.

"Vous dites que j'ai adopté une méthode ferme. Oui, elle est ferme. (...) Les fauteurs de troubles se sont comporté comme des bandits et il fallait rétablir l'autorité de la loi", a déclaré le ministre de la Police. "Dans la République dans laquelle je vis, ce sont les voyous qui rendent des comptes de ce qu'ils ont fait, et pas le ministre de l'Intérieur qui s'excuse d'avoir fait arrêter des délinquants" a ajouté Sarkozy, toujours aussi nuancé.

Accusé lui-même d'avoir attisé les violences en usant du mot "racailles" le 26 octobre, juste avant l'embrasement des banlieues, M.Sarkozy a justifié son vocabulaire: "Je ne pratique pas la langue de bois, je parle pour que tout le monde me comprenne". Ce qui sous-entend que le Français de base est incapable de comprendre un vocabulaire plus évolué...

Le ministre français a en outre jugé que la loi antiterroriste qu'il vient de faire voter n'était pas attentatoire aux droits de l'Homme. Interrogé sur le fait de savoir si le recours notamment à la vidéo surveillance était contraire aux principes de la République, M. Sarkozy a rétorqué: "C'est faux, complètement faux! Citez-moi un exemple où la loi que j'ai fait voter porte atteinte aux droits de l'homme".

A Paris, le Parti socialiste a fermement condamné le fait que le ministre de l'Intérieur ait donné une interview à la chaîne Al Jazira sur des problèmes de politique intérieure. "Le PS condamne fermement le fait que le ministre de l'Intérieur en titre puisse parler de politique intérieure à l'étranger. C'est un élément qui n'est pas conforme aux règles qui doivent s'appliquer dans la République quand on est membre du gouvernement ", a déclaré M. Le Foll, député européen et directeur de cabinet de François Hollande.

LOIS D'EXCEPTION

Chirac et De Vilepin lèvent l'état d'urgence

02.01.2006


(AP/AFP) Le régime de l'état d'urgence prendra fin en France à partir du 4 janvier. Sur proposition de Dominique de Villepin, Jacques Chirac a décidé de lever cette mesure d'exception prise le 8 novembre pour ramener le calme dans les banlieues.

Institué par décret en application de la loi du 3 avril 1955 et pour une durée de 12 jours, l'état d'urgence avait été prorogé pour 3 mois par une loi que le gouvernement avait fait adopter par l'Assemblée Nationale, malgré le fait que les violences avaient cessé. L'article 3 de cette loi précisait qu'un décret pouvait mettre fin à tout moment à l'état d'urgence.

Partis de gauche, associations et syndicats, hostiles à la prorogation de l'état d'urgence, réclamaient avec insistance sa levée en dénonçant "un régime durable de graves restrictions des libertés publiques". Alors que le Parti socialiste ne s'était pas opposé à son instauration, son Premier secrétaire, François Hollande, avait affirmé que la prolongation de trois mois de l'état d'urgence était "un mauvais signe, un mauvais symbole et était inutile sur le plan de la sécurité".

Depuis la guerre d'Algérie, l'état d'urgence n'avait été instauré qu'en 1984 en Nouvelle-Calédonie, où il était resté en vigueur pendant six mois en raison de graves troubles dans ce territoire du Pacifique.

MENSONGES DE SARKOZY

Sarkozy démenti par les juges et les Renseignements Généraux

07.12.2005


(AFP) Les trois semaines de violences qui ont enflammé les banlieues font l'objet d'analyses divergentes des renseignements généraux et de certains magistrats d'une part, du ministre de l'Intérieur Nicolas Sarkozy d'autre part.

Alors que M. Sarkozy a mis en cause "la loi des bandes", assurant que les violences étaient "parfaitement organisées", un rapport confidentiel de la direction centrale des Renseignements généraux (DCRG) relève que ces 3 semaines d'émeutes ont correspondu à une "forme d'insurrection non organisée".

Le rapport de la DCRG souligne que "la France a connu une forme d'insurrection non organisée avec l'émergence dans le temps et l'espace d'une révolte populaire des cités, sans leader et sans proposition de programme".

Selon le rapport de la DCRG, "les jeunes des cités étaient habités d'un fort sentiment identitaire ne reposant pas uniquement sur leur origine ethnique ou géographique, mais sur leur condition sociale d'exclus de la société française".

Nicolas Sarkozy avait déjà été contredit une première fois par la justice après ses déclarations, faites quelques jours avant la fin de crise, selon lesquelles "75 à 80 %" des personnes interpellées dans les émeutes étaient "déjà connues pour de nombreux méfaits" et "étaient déjà des délinquants".

Mais les magistrats, qui ont vu pendant les émeutes défiler devant eux des centaines de prévenus, n'ont pas dressé le même portrait des personnes mises en cause.

Ainsi, au tribunal de grande instance de Bobigny, dans le département de la Seine-Saint-Denis, berceau des émeutes, les magistrats avaient noté que "la majorité des majeurs avaient entre 18 et 22 ans avec très, très peu de gros délinquants", et que la majorité d'entre eux étaient sans antécédent judicaire".

MENSONGES DE SARKOZY

Violences urbaines: un mouvement "largement spontané"

11.01.2006


(AFP) Les violences urbaines de novembre étaient un phénomène "largement spontané", a estimé le procureur de la République de Paris Jean-Claude Marin, lors de l'audience solennelle de rentrée du tribunal de grande instance de Paris.

Dressant le bilan de l'activité du tribunal au cours de ces évènements, M. Marin a affirmé qu'il n'y avait "nulle trace de revendication de type identitaire, de structuration ou d'organisation de mouvements qui apparaissent largement spontanés, nul stigmate d'une impulsion ou d'une récupération politique ou religieuse".

"Les lieux qui ont connu le plus grand nombre d'évènements sont ceux de forte densité de logements sociaux et de population précarisée, tel le 19e arrondissement de Paris, qui totalise, à lui seul, 30% des faits constatés pendant la période étudiée. S'agissant des auteurs d'infractions, ils se révèlent être, pour plus de 75%, âgés entre 16 et 21 ans, 63% ayant même entre 16 et 18 ans, domiciliés, pour 82,5%, dans la capitale, de nationalité française à 87% et, pour 55% des mineurs, sans antécédents judiciaires en matière pénale", a précisé le haut magistrat.

"Les motivations des actes sont difficiles à cerner et n'ont pu être approchées que pour les personnes ayant reconnu les faits qui leur étaient reprochés: il en ressort massivement une dimension ludique et immature", selon M. Marin.

Aux premiers jours des émeutes, le ministre de l'Intérieur Nicolas Sarkozy avait estimé que les violences étaient "parfaitement organisées".

"Si ce n'est pas l'ordre de la police républicaine (qui prévaut), ce sera soit l'ordre des bandes, des mafias, soit un autre ordre, celui des extrémistes", avait-il également affirmé Sarkozy.

ÉLECTIONS PRÉSIDENTIELLES 2007

Le vote des jeunes,
pour "nettoyer le monde politique au Karscher"

20.12.2005


(AFP) Un mois après la crise qui a enflammé les banlieues, des stars françaises du foot, du cinéma ou du rap, originaires des Antilles ou issus de l'immigration, ont lancé un appel aux jeunes des banlieues pour qu'ils s'inscrivent sur les listes électorales.

Ces stars, parmi lesquelles le rappeur Joey Starr et le footballeur Lilian Thuram, se sont rendues symboliquement dans la ville de Clichy-sous-Bois où avaient démarré les émeutes après la mort accidentelle de deux lycéens poursuivis par des policiers équipés de flashballs.

"Je l'ai, je suis allé la chercher!", a lancé le rappeur Joey Starr en exhibant sa carte électorale devant plus de 400 personnes. "Voter, c'est exister, c'est créer un contrepoids. Demain il faudra vous investir dans la vie politique. Réveillez-vous!", a ajouté le comédien Jean-Pierre Bacri. Lilian Thuram, a également demandé aux jeunes des banlieues d'aller s'inscrire dans les mairies, afin de "ne pas reproduire le 21 avril 2002", qui avait les élections réduites à un choix entre la droite et l'exprême-droite.

Les parrains ont ensuite symboliquement accompagné une vingtaine de jeunes s'inscrire sur les listes électorales à la mairie de Clichy-sous-Bois. "On va nettoyer le monde politique au Karscher" s'est exclamé l'un des nouveaux électeurs
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